NOTES D’ENQUÊTE - M. Henri SOUDEILLE - Né en 1902 à LAVAL S/LUZÈGE (LAPLEAU)
Caractéristique : Instituteur en retraite
Entretien le 18/07/1984 - à 19550 SPONTOUR (domicile)
Participants : Henri SOUDEILLE, informateur; Bernard MAUPOUX, enquêteur.
Monsieur SOUDEILLE est bien connu dans la région, comme instituteur de nombreuses générations, et pour avoir, entre 1936 et 1939, organisé à partir de SPONTOUR des loisirs nautiques sur la Dordogne : descentes en canoës, mais aussi avec une gabare d'une cinquantaine de places qu'il avait fait construire exprès ; il devait alors s'entendre avec le barrage de MARÈGES tout juste construit (1935), pour que celui-ci effectue un lâcher d'eau suffisamment important pour la navigation de la gabare.
SPONTOUR était l'un des points de départ les plus en amont de ces bateaux qui descendaient les bois de châtaignier de la haute Corrèze vers le Bordelais, pour faire des tonneaux (merrains), des piquets de vigne (carassonnes) ou des tuteurs (échalas).
Pionnier de la méthode FREINET, sportif passionné par le rugby qu'il avait appris à l'École Normale, il avait créé une équipe scolaire bien avant que ce sport soit implanté à l'école, et développé la pratique des sports nautiques : dès que ses élèves savaient nager, ils avaient le droit de se construire un canoë, et de participer aux joutes qui avaient lieu chaque fin d'année, au cours de grandes fêtes nautiques qui attiraient tout le voisinage.
Ayant épousé la fille de l'un des derniers gabariers (cette activité, très ralentie au début du siècle, s'est éteinte avec la première guerre mondiale), et pris d'amitié pour la vie de la Dordogne, il a écrit un avant-propos pour la réédition de "La Haute Dordogne et ses Gabariers", Eusèbe BOMBAL, 1903 (réédition 1981, éd. Les Monédières).
Au moment de la construction du viaduc, son instituteur à LAPLEAU était un monsieur JARRIGE, dont je rencontrerai le fils, Loulou JARRIGE, au cours des enquêtes sur le TACOT (cf. entretien dans la collection « TNP »).
SPONTOUR est légèrement en amont du débouché de la LUZÈGE sur la DORDOGNE. Ce fond de vallée (abri naturel, altitude basse - cote 180 - par rapport au plateau), dont le micro-climat faisait autrefois un producteur de primeurs qu'on vendait "sur le plateau" avec les produits de la pêche, est depuis 1951 noyé sous les eaux retenues par le barrage du CHASTANG, situé à 22 kilomètres en aval.
Visite sans rendez-vous, entretien dans la cuisine, grande pièce crépie au ciment et peinte en jaune, peu de meubles, "Le Canard Enchaîné" sur la table.
Son assez brillant, dû aux murs nus et au fait que Monsieur SOUDEILLE se déplaçait autour de la table : il était souvent loin du micro. Malheureusement, plusieurs interruptions de l'enregistrement, par économie de bande : j'enquêtais sur le viaduc et le début du siècle… Ah, cher monsieur SOUDEILLE, comme je regrette de ne plus pouvoir écouter votre enthousiasme juvénile, sur tous ces sujets et bien d'autres..
Charles CLAIR, évoqué à la fin de l'entretien, est un ancien conseiller général socialiste du canton de LAPLEAU.
B. Maupoux
Voir aussi :
"La haute Dordogne et ses gabariers", Eusèbe Bombal, Tulle, Impr. de Crauffon, 1903 – réédition éd. Les Monédières, 1981, 1992
Récit de la première descente touristique en gabare : dans "La vallée endormie", Michel Peyramaure, éd. Robert Laffont, 2007